Elle indique avoir remarqué un relâchement chez ses collègues
Une PAB incite ses collègues à respecter les protocoles de protection en place
Depuis le 13 mars dernier, Amélia *, préposée aux bénéficiaires dans la région du Suroît vit la crise actuelle de l’intérieur. Au cours des 90 derniers jours, elle a vu des gens mourir, mais aussi lutter contre cette maladie qui en a emporté des milliers au Québec. Mais elle a aussi remarqué un relâchement des consignes de sécurité de la part de ses collègues.
C’est d’ailleurs ce qui a motivé cette sortie dans les médias, sous le couvert de l’anonymat. Son message à ses collègues? Protégez-vous, respectez les consignes gouvernementales et les protocoles en place dans les milieux de travail.
« Au cours des dernières semaines, j’ai remarqué un relâchement des règles chez mes collègues. Certains entrent au travail, dans les résidences privées, malgré le fait qu’ils soient atteints de la COVID-19 ou sans avoir eu un 2e test pour confirmer leur guérison. Je ne trouve pas ça normal. Ils exposent les résidents, mais aussi leurs collègues comme moi, car nous partageons les mêmes espaces communs », raconte-t-elle.
PAB dans deux milieux de vie
Depuis les derniers mois, Amélia a enfilé son uniforme de PAB pour travailler dans une résidence privée pour aînés située à Salaberry-de-Valleyfield , mais également à l’Hôtel Plaza, dans deux unités aménagées spécialement pour accueillir des patients positifs à la maladie. Au premier endroit, on note une importante éclosion de COVID-19, autant chez les résidents que chez les employés.
« Les employés sur place se protègent avec les équipements requis dans les zones chaudes, mais pas dans les aires communes où nous prenons nos repas. J’ai vu des collègues qui ne respectent pas la procédure d’habillage et de déshabillage ou de lavage de mains établies sans que la direction ou qu’un superviseur ne les avise. J’ai sonné l’alarme auprès de la direction de l’établissement, mais je me suis fait répondre qu’il ne fallait pas exagérer avec le respect des consignes sanitaires », ajoute-t-elle.
Autre incident dont elle a été témoin: des employés qui ne changent pas de gants entre les patients, mais qui les désinfectent avec du Purell entre chaque patient.
Hôtel Plaza: un environnement à part
Concernant le site situé à l’Hôtel Plaza, Amélia est claire: lorsqu’elle y travaille, elle n’a pas peur d’attraper la maladie. Pourquoi? Car, les règles sont bien suivies par le personnel sur place. Tous les aménagements ont aussi été conçus pour éviter les contacts inutiles entre les employés et favoriser le respect des consignes en place, notamment en raison de la présence d’un agent de sécurité qui s’assure du respect des protocoles.
Des primes salariales appréciées
Depuis près de trois mois, Amélia subit une charge mentale importante. Même si elle a des équipements à sa disposition, visières, masques et jaquettes en quantité, elle a peur de contracter la COVID-19. « On est fatigués. Nous avons eu très peu de journées de congé ou de répit depuis le début de la crise. Lors de canicule, il fait extrêmement chaud avec tout l’équipement et on ne peut pas boire si on se trouve en zones chaudes sinon on doit retirer l’équipement en entier. C’est comme ça tous les jours », image-t-elle.
Seul petit baume en ces temps de stress important: au cours de la crise des dernières semaines, les PAB ont vu leurs salaires hebdomadaires augmenter grâce aux primes temporaires octroyées par le gouvernement Legault. « C’est certain que ce geste est apprécié. Ça fait du bien de savoir que notre travail est reconnu à sa juste valeur par les élus. Souvent, on évolue dans l’ombre des médecins et infirmières, donc c’est plaisant d’avoir un peu de reconnaissance. »
Un métier, une vocation
Diplômée en 2018, Amélia a eu la vocation pour le métier de PAB tôt dans sa vie, grâce à sa mère, victime d’un grave accident de voiture. « Il a fallu que je m’occupe d’elle et j’ai eu la piqûre pour le métier. Certaines tâches du métier me faisaient peur, comme le changement de culotte, mais finalement, je ne changerais pas de métier. J’aime le contact avec les aînés, ils ont tellement à nous apprendre. J’essaie d’être le plus présente pour eux. C’est difficile de voir quelqu’un mourir sous nos yeux, mais il faut se faire une carapace et réussir à surmonter cette épreuve, sinon, on ne peut pas pratiquer cette profession », confie-t-elle.
Alors que la formation mise en place pour former des PAB débute aujourd’hui au Québec, Amélia précise les qualités essentielles à la pratique de ce métier: il faut aimer prendre soin des autres et être à l’écoute des patients. Mais surtout, il ne faut pas être motivé par l’argent.
* Prénom fictif
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